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15 romans au choix : Le Bonheur national brut de François Roux ou Prières pour celles qui furent volées de Jennifer Clément
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15 romans au choix : Le Bonheur national brut de François Roux ou Prières pour celles qui furent volées de Jennifer Clément
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Le Bonheur national brut
Que faisons-nous de nos rêves ? Les gardons-nous en secret à lâintérieur de nous ? Les censurons-nous, subrepticement ? Ou allons-nous les projeter (ces attentes inconscientes) sur des lendemains qui chantent ? Allons-nous par exemple attendre que les politiques, hommes et femmes réunies, se chargent dâorganiser (à notre place) nos rêves, nos espoirs, nos espérances ? François Roux, romancier, homme de théâtre, cinéaste, a eu lâidée lumineuse de « filmer » pour son roman, puissant et captivant, quatre destins, quatre jeunes garçons, du 10 mai 1981 (lâarrivée de la gauche au pouvoir) au 15 mai 2012 (lâélection de François Hollande à la Présidence de la République). 1981 : nous sommes en Bretagne. La droite, comme partout en France, tient les rênes du pays depuis 1958. Tout ce qui ne va pas, on lâassocie au pouvoir en place depuis tant dâannées, câest naturel (un peu comme les enfants qui voient dans leurs parents lâincarnation de ce qui cloche). Une moitié de la France a peur de François Mitterrand (on craint par exemple ses alliés communistes). Et lâautre moitié de la France attend tout de lâhomme du Parti Socialiste (sur le plan social bien sûr, mais aussi, entre les lignes, sur le plan spirituel). Pour nos quatre jeunes amis en tout cas, plus rien ne sera comme avant. François Roux est un fin observateur : il sait que si lâon attend trop de lâextérieur (des structures, de la politique en général), on reste un jour ou lâautre sur sa faim. Car la vraie transformation, le véritable accomplissement, le sens de la vie on les trouve en nous, avant tout. Aucun être, aucune force extérieure, ne peuvent remplacer le souffle intérieur de lâindividuation et de lâaccomplissement (devenir ce que lâon est vraiment). François Roux, romancier inspiré, sait aussi quâau centre de tout, se trouve lâamour, concret ou sublimé. Lâamour nous fait avancer, intérieurement parlant. Sur ce plan, nous sommes à parfaite égalité : nous, les gouvernés, sommes autant fascinés, et nourris par lâamour que le sont nos gouvernants (de gauche comme de droite). Câest une nouvelle rassurante, portée par un roman impressionnant dâintensité.
Prières pour celles qui furent volées
Guerrero est un Etat du Mexique où il ne fait pas bon vivre. Les hommes, dans leur grande majorité, ont quitté femmes et enfants pour trouver du travail aux Etats-Unis (ou à Acapulco). Et leurs épouses restées sur place, soyons clairs, vivent lâenfer. Leurs filles se déguisent en garçon (ou sâenlaidissent), pour ne pas attirer le regard de ceux qui « volent les filles » (devenues esclaves, elles sont ensuite mises au service des puissants patrons de la drogue â¦). Pendant ce temps les militaires mexicains, dans leurs hélicoptères, déversent des pesticides à tout va, afin de détruire les champs de pavots. La romancière américaine Jennifer Clement (qui travaille à Mexico) décrit une réalité sordide. Pourtant, au milieu de ce chaos, la solidarité entre les femmes est porteuse dâespoir. La narratrice a 14 ans et sâappelle Ladydi (non à cause de la beauté de la princesse, mais en souvenir de la femme délaisséeâ¦). Dans cet univers poussiéreux, sombre et brutal, les liens unissant les femmes sont souvent magnifiques et lumineux. Alors que les mères tentent de joindre les deux bouts, les filles vont à l'école, faisant des kilomètres pour s'y rendre et priant pour qu'un avion ne déverse pas des herbicides sur les collines, lors de leur passage. Elles apprennent, et rêvent d'un avenir meilleur ! Ladydi déchantera vite de ses rêves d'adolescente, confrontée à la trahison, au crime et au trafic, mais elle pourra compter sur les femmes de sa vie pour la secourir... En lisant ce roman poignant, où la poésie trouve pourtant sa place (les descriptions des paysages sont sublimes), on pense à lâégoïsme des amateurs de paradis artificiels : par faiblesse et inconscience, ils enrichissent durablement les narcotrafiquants. La quête dérisoire des paradis artificiels, se transforme en cauchemars réels pour des enfants qui nâont rien demandé. « Prières pour celles qui furent volées » : oui ce beau titre nous invite à prier (chacun à notre manière) pour que le sort de ces victimes innocentes évolue dans le bon sensâ¦